La Folie Sainte-James

La Folie Sainte-James constitue un ensemble emblématique des Folies du dernier quart du XVIIIe siècle. Propriété du Département des Hauts-de-Seine depuis 2009, ce domaine est classé Monument historique. Sa particularité : c'est l’une des dernières folies du Siècle des Lumières. Un rare témoignage du renouveau néo-classique et du grand style français.

Situé au cœur du Parc du même nom à Neuilly-sur-Seine, la Folie Sainte-James est entourée d'1,8 hectares de jardin. Une œuvre majeure de l'art paysager français de la fin du XVIIIe siècle. 

• 1774, la première construction connue à cet emplacement est une porterie du château de Madrid, une ancienne résidence royale vendue en 1787 puis démolie.
• Acquise en 1750 par la veuve du conseiller d’État Fillon de Villemur, l’ancienne bâtisse est transformée dans les années 1750-1760 en une agréable maison de plaisance agrémentée d’un petit jardin.
• Le 1er juillet 1772, Claude Baudard de Vaudésir, baron de Sainte-James, conseiller du Roi et trésorier général de la Marine, achète cette maison de plaisance.
• Dans les années 1770-1780, Baudard de Sainte-James choisit l’architecte François-Joseph Bélanger pour transformer à son tour, sa nouvelle propriété de Neuilly en une Folie dans son jardin qui devait surpasser Bagatelle, propriété voisine que le Comte d’Artois fit aménager par l'architecte Bélanger en 1777.

Alors à la mode, l'archiecte Bélanger transforme la maison de plaisance en Folie. Une Folie est une maison de villégiature ou de réception construite à partir du XIV^e siècle, très en vogue au XIX ^e siècle, par l'aristocratie ou la bourgeoisie aisée, en périphérie des villes. 

Pour sa réalisation, Bélanger s’inspire des demeures palladiennes anglaises qui se caractérisaient par la présence en position centrale, d’un portique à colonnes soutenant un fronton triangulaire, et par une distribution fonctionnelle des espaces intérieurs.

A la Folie Sainte-James, Bélanger choisit deconserver le grand pavillon en briques et pierres, percé de hautes fenêtres tel qu’on le connaît aujourd’hui. La principale innovation a consisté à créer sur un axe longitudinal médian, traversant la maison, du côté de l’entrée à l’est, un péristyle de style palladien et, à l’ouest côté jardin, un péristyle à la manière d’une fabrique. 

A l’intérieur de la maison, l’influence de l’Angleterre se retrouve par une recherche de la fonctionnalité et du confort dans les espaces d’habitation :

• vestibule à éclairage zénital au milieu du toit pour éclairer le premier étage ;
• circulation plus pratique des espaces de réception en faisant communiquer l’ensemble des pièces du rez-de-chaussée ouvrant par les hautes fenêtres de tous côtés sur le jardin ;
• installation d’une salle de bains équipée de baignoires et d’un cabinet de commodités dans les appartements de Madame de Sainte-James au rez-de-chaussée (devenus aujourd’hui le salon vert aux boiseries d’époque du XVIIIe).

L’originalité de Bélanger est d’intégrer des motifs décoratifs en stuc qui permettent de créer une unité à l’ensemble de la maison : corniches à denticules, frises de palmettes, frontons sculptés et médaillons en stuc.

Dans la décoration intérieure, Bélanger a conservé une partie des décors anciens, notamment les trompe-l’oeil des années 1750-1760 exécutés par les Brunetti dans le vestibule, la cage d’escalier et la salle à manger.

Les grands décors sculptés à motifs inspirés de l’antiquité ont été réservés aux trois pièces de réception du rez-de-chaussée. La décoration allégorique la plus élaborée se situe dans le grand salon, faisant référence aux activités dans la Marine du baron de Sainte-James : des enfants assis sur des dauphins, des sirènes et des tritons, un médaillon à figures mythologiques.

La Folie Sainte-James est l’une des dernières folies du Siècle des Lumières. Un rare témoignage du renouveau néo-classique et du grand style français, servi par un savoir-faire continuellement enrichi, transmis par des lignées d’architectes, artistes et artisans d’art qui firent du XVIIIe siècle une époque de grand raffinement architectural et décoratif. L’architecte Bélanger développa cet art jusqu’à une certaine perfection que l’on associe à la douceur de vivre dans la décennie qui précéda la Révolution.