Solidarités : penser une démocratie sanitaire, juste et fraternelle

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Organisé en visioconférence pour des raisons sanitaires, cet EAK a été suivi par plus de deux cents personnes, jeudi 20 janvier.CD92/STEPHANIE GUTIERREZ-ORTEGA
Ce 20 janvier, s’est déroulé un Entretien Albert-Kahn sur le thème : « Les nouveaux défis de la solidarité sociale ». À l’aune de la crise sanitaire sans précédent, l’innovation sociale est placée au cœur des stratégies de résilience.

Comment innover pour mieux protéger ? Les Entretiens Albert-Kahn (EAK), le laboratoire d’innovation publique du conseil départemental ont réuni le 20 janvier plusieurs experts avec trois constats en introduction : la croissance de la pauvreté, le vieillissement de la population et le réchauffement climatique qui accentue les inégalités. « Conscientes de ces enjeux, les collectivités publiques s’engagent avec beaucoup de fermeté. Or, les politiques requises restent difficiles à mettre en œuvre : elles apparaissent pour beaucoup, et notamment pour les moins favorisés, injustes et inéquitables ; elles accentuent les inégalités sociales, voire génèrent de nouvelles inégalités, note Georges Siffredi, le président du Département. La revalorisation des métiers du social m’apparait aussi comme un impératif pour mettre un terme aux difficultés de recrutement. »

Premier intervenant, le professeur Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique et président du Conseil scientifique Covid-19, a dressé un premier bilan de la crise sanitaire, une situation inédite qui pose des questions d’éthique qui doivent, selon lui être interrogées au plus près des territoires.

C’est ensuite Antoine Arjakovsky, directeur de recherche au Collège des Bernardins à Paris, qui s’est exprimé avec la question : comment réconcilier les politiques publiques avec le « juste » et le « bon », concilier ce qui est légal et ce qui est moral ? Il cite, entre autres, l’exemple de l’agriculteur français Cédric Herrou qui, ayant aidé des migrants, a été condamné pour « délit de solidarité », une condamnation annulée par le Conseil constitutionnel, la fraternité étant inscrite dans notre Constitution. Pour lui, « la liberté sans la fraternité, c’est le règne de la loi du plus fort. La finalité d’une décision et la dimension morale sont à penser ensemble. » Il défend ainsi l’automatisation des droits sociaux, le guichet unique simplifié et une administration qui va au-devant des usagers les plus fragiles.

Julien Damon, professeur associé à Sciences Po Paris, HEC et auteur de nombreux ouvrages sur la pauvretéa clos l’EAK sur le thème de la protection sociale à l’épreuve de la crise sanitaire. Il a relevé trois défis. Le premier est générationnel : ce sont désormais les jeunes qui sont davantage touchés par la pauvreté, c’était avant les personnes âgées. Le deuxième défi concerne la dématérialisation et la simplification administrative pour l’accès aux droits. Le troisième défi, c’est la mutation de notre modèle de protection sociale qui repose sur les 3 « U » : Unité (unique), Uniformité, Universalité, et qui doit évoluer vers le « PPT » à savoir Prévention, Personnalisation et Territorialisation. Une dimension où les collectivités ont tout leur rôle à jouer.

Le Collège des Bernardins vient de publier Votez fraternité ! 30 propositions pour une société plus justerésultat de deux ans de recherche.