À Jardy, ils parlent à l’oreille des chevaux

Chaque participant fait équipe avec sa monture tout au long du séjour. Des animaux choisis pour leur bon caractère. CD92/JULIA BRECHLER
Vivre une semaine en harmonie avec son cheval, au cœur du domaine départemental du Haras de Jardy, à Marnes-la-Coquette. En juillet, une trentaine de jeunes placés auprès de l’Aide sociale à l’enfance ont vécu cette expérience.

À deux foulées de leur campement, il y a la forêt de Fausses-Reposes. Par une chaude journée d’été, le groupe revient d’une balade de trois heures. À chacun sa monture : le plus petit cavalier, un shetland, le plus grand, un cheval, les autres, des double poney. Avec Versailles, robe blanche tachetée de roux, les gestes de Youssouf, 16 ans, sont assurés :  « J’ai appris à le préparer et à le faire courir. Dès le mercredi, on a accéléré. Il est rapide ! Dans la forêt, on a appris à monter et descendre les pentes. C’était supercool ! », explique le débutant. « C’était bien, mais on a des courbatures, on est crevés », tempère Sarah. Les chevaux aussi.Dessellés, douchés, de retour au paddock, ils se désaltèrent et se roulent par terre. Les jeunes cavaliers s’occupent de tout, guidés par leurs moniteurs.

Changer de quotidien

Sarah, Youssouf, Elodie ou Kenza, sont placés auprès des services de l’Aide à l’enfance du Département (ASE), en famille d’accueil, en foyer ou à l’hôtel. Proposé dans le cadre du plan « vacances été jeunes 2020 », ce séjour se veut une rupture dans leur quotidien. « Venir camper à Jardy, c’est une façon de souffler. Le fait de changer de cadre, de sortir de leur contexte habituel leur permet aussi de se livrer plus facilement auprès de l’équipe éducative, ils nous confient leurs craintes, leurs soucis »,  souligne l’éducateur spécialisé Hicham Hobbi.L’encadrement sportif est assuré par des moniteurs du dispositif départemental Vacan’Sports qui propose pendant l’été aux 6-17 ans un large panel d’activités gratuites – golf, tennis, équitation, plongée... « Cette année, il n’y a pas d’activités en accès libre pour des raisons sanitaires. Mais nous avons pu proposer 4 000 places en lien avec les structures éducatives du territoire. Une partie sont réservées aux jeunes les plus vulnérables », » explique Olivier Floch, chef du service « Sport pour tous ». En juillet, quatre groupes de l’ASE auront ainsi passé une semaine dans le plus grand centre équestre de France, action qui s’inscrit dans la continuité des « temps de répit » proposés durant le confinement. Au programme : bases de l’équitation, initiation au saut d’obstacles et au horse-ball, balades, découverte des métiers de moniteur, de palefrenier ou de maréchal-ferrant - et surtout, création d’un lien fort entre chaque jeune cavalier et son cheval.

Mots doux

S’il impressionne au début, l’animal « qui ne juge pas » suscite très vite l’attachement.  « J’ai eu un gamin qui est arrivé en roulant des mécaniques, deux jours plus tard il parlait à l’oreille de son cheval et lui faisait des bisous », sourit Hicham Hobbi. La relation positive qui se créé, et le bien-être qui en résulte, rejaillit sur les échanges au sein du groupe. « Ils s’entraident les uns les autres pour s’en occuper, ils se prêtent leurs brosses, leur seau de grain », décrit Sébastien Becker, moniteur, qui observe aussi une amélioration de la communication. « Ce sont des jeunes qui ont un peu de mal à s’ouvrir aux adultes, qui sont renfermés, car ils n’ont plus forcément confiance en nous. Petit à petit, on les sent plus relâchés, détendus, on peut les taquiner ». Tous les débutants ayant participé à ces séjours ont obtenu le galop 1, délivré par la Fédération française d’équitation, qui leur permettra de poursuivre leur apprentissage n’importe où en France. Pour deux d’entre eux, passionnés, l’aventure continue déjà. Par l’intermédiaire du Département, ils effectueront bientôt un stage en centre équestre. Au contact des chevaux des vocations sont nées. 

En vidéo : Les jeunes de l’ASE en séjour au Haras de Jardy