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Les incontournables des mois de mars et avril

Les incontournables des mois de mars et avril

À taille humaine

Festival Marto

Le festival Marto, 24e édition, réduit un peu la voilure, mais comme le roseau, il ne rompt pas et poursuit l'aventure sur les mers tumultueuses d'un théâtre singulier où les objets inanimés ont une âme. Dis lieux, dont deux scènes nationales, programment dix-sept spectacles qui ne sont pas - faut-il encore le rappeler ? - spécialement destinés au jeune public. Ainsi, la crise financière s'invite-t-elle au banquet grec de L'Oiseau de Prométhée de Camille Trouvé et Bric Berthoud (Théâtre 71 de Malakoff, 21 et 22 mars). Et les grands auteurs passent de l'autre côté de l'imaginaire. Comme Maurice Maeterlinck, avec l'adaptation de La Mort de Tintagiles par Élise Vigneron (L'Enfant, Théâtre de Châtillon, 21 et 22 mars). Ou Henrik Ibsen, dont Une Maison de poupée est adaptée pour les marionnettes à taille humaine de sa compatriote norvégienne Yngvil Aspeli formée en France et désormais directrice du Nordland Visual Theatre dans les îles Lofoten (Les Gémeaux, Sceaux 23 et 24 mars). 

Sceaux, Malakoff, Châtenay, Fontenay, Clamart, Châtillon, Bagneux, Issy, Nanterre - du 8 au 24 mars. 

www.festivalmarto.com

Zazie l'incorrecte

Zazie dans le métro

On a peine à y croire : le romain de Raymond Queneau a 65 ans, le film qu'en a tiré Louis Malle à peine moins... Plus vivace que jamais sonne la liberté de langage de Zazie dans le métro, adaptée en comédie musicale par Zabou Breitman sur des musiques au swing foldingue de Reinhardt Wagner - qui n'est pas de la famille... Alexandra Datmanest cette Zazie incorrecte au possible, à l'insolence désarmante, dont Louis Malle disait qu'elle est « le seul personnage qui soit rigoureux, qui soit pur, qui soit intact. »

Châtenay-Malabry, La Piscine - le 27 et 28 mars. 

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Bach l'universel

Bach à La Seine Musicale 

Monument musical qui s'adresse à tous au-delà de la question de la foi, laPassion selon saint Jean est sans doute, dans l'œuvre de Bach, ce qui s'approche le plus d'un opéra. Drame, humanité et consolation sont ici servis, sur instruments anciens et dans l'esprit de l'époque, par l'Akademie für Alte Musik Berlin et le RIAS Kammerchorc sous la direction de Justin Doyle (26 mars). Laurence Equilbey conclura la Semaine sainte en compagnie d'Accentus et d'Insula orchestra avec des Cantates et des Motets (Bach, de l'abîme à la lumière, 28 et 29 mars). 

Boulogne-Billancourt, La Seine Musicale - du 26 au 28 mars. 

Julie Delille

Julie Delille à Nanterre

Fondatrice en 2015 de la compagnie du Théâtre des trois Parques - « métaphores de la vie aux contours rugueux qui sinuent par des chemins obscurs » - Julie Delille a été nommée, l'été dernier à la direction du Théâtre du Peuple de Bussang, dans les Vosges, lieu créé à la fin du XIXsiècle pour être « accessible à tous, au peuple entier sans exclusion de caste ni de fortune, et qui pût intéresser tous ». C'est à Nanterre cette saison que l'on peut voir le travail de cette « passeuse d'œuvres » qui aime révéler formes et sens cachés. C'est un peu juste peut-être pour assister à la création, à la Maison de la Musique, de Und, composition de Daniel d'Adamo d'après Howard Barker, avec la soprano Gaëlle Méchaly et l'ensemble TM+ (les 6 et 7 mars). Mais Julie Delille est deux fois à l'affiche des Amandiers. D'abord impressionnante incarnation de Méline dans Je suis la bête, d'après Anne Sibran (du 23 mars au 4 avril). Puis interprète en immersion dans la poésie de Paul Valéry, avec - Le Métier du Temps - La jeune Parque (du 30 mars au 7 avril). 

Nanterre, Maison de la Musique et Amandiers - du 6 mars au 7 avril.

Trente-cinq ans après...

Annonciation / Torpeur / Noces

Bientôt quarante même, puisque le Ballet Preljocaj a été créé en 1985 par le chorégraphe Angelin Preljocaj, qui délivre depuis une danse « résolument contemporaine » nourrie au classicisme par les racines. Ce triptyque est une excellente idée, pour les connaisseurs comme pour ceux qui iront le découvrir : remonter le temps jusqu'en 1989 et le balelt Noces, pour 10 danseurs, sur la musique de Stravinsky. Une « étrange tragédie balkanique » - la famille du chorégraphe est originaire de la communauté albanaise du Monténégro - par ses poupées de chiffons ballotées, avec la toute récente Torpeur (2023), pour douze danseurs, laquelle diffuse une envoûtante poésie rêveuse. En ouverture, et sous forme de coup de poing dans l'estomac : L'Annonciation (1995), duo pour danseuses. Hommes et femmes dans le public ressentiront, chacun à sa manière, cette confrontation inspirée par la rencontre entre l'ange Gabriel et Marie, déflagration dont la puissance - la violence ? - symbolique est bouleversante. 

Théâtre de Suresnes-Jean-Vilar - le 26 et 27 avril. 

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Le delirium de bois

Imaginarium

Depuis plus de dix ans, on suit à la trace sur notre territoire l'imaginaire de Matej Forman ; précisémment depuis janvier 2010 et l'étrange bocal d'Obludarium, théâtre forain à la manière de Freaks joué à l'Espace Cirque d'Antony. Il y eut depuis, à l'Avant Seine de Colombes où il a pris ses marques, Deadtown (2017), un western affreux sale et méchant. Et puis le premier Imaginarium (2019) dont il disait alors dans son français inimitable : « C'est le seul Imaginarium dans le monde entier parce que ce ne sera jamais de la même façon ailleurs... » Voici, à quelques mois des Jeux Olympiques et en première mondiale Imaginarium #2 : Entrez dans l'arène des animaux sportifs, une exposition interactive, occupant l'espace du théâtre pendant un mois, où il est conseillé d'entrer en famille avec son âme d'enfant et où il n'est pas interdit d'actionner les mécanismes. Pour jouer dans les décors, en bois d'Hôtel Transylvania avec Rimbaud le poète de sept ans « sous des habits puant la foire et tout vieillots » ! 

Colombes, Avant Seine - du 10 avril au 11 mai (dès 5 ans). 

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Sensation invivo

Invivo Céto

Entre le théâtre des illusions et l'art numérique, le collectif Invivo crée des spectacles immersifs exploitant toutes les resssources de la technique au service de l'imaginaire. Des monuments du théâtre « pour les grands » ont été passés a leur crible - comme Les Aveugles de Maeterlinck - et c'est au tour du jeune, du très jeune public d'être invité avec Céto - divinité primordiale de la mythologie grecque qui a donné son nom aux cétacés - à l'immersion sonore et visuelle dans des fonds marins : une scénographie façon tapis d'éveil, des images projetées, une bulle de bleu, des sons à 360°... À mi-chemin entre la magie poétique d'Abyss pour les plus grands et les mobiles lumineux qui émerveillent les tout-petits, c'est mieux qu'une aventure : une métamorphose dans le sillage de Psari la scaphandrière, dont le nom signifie « poisson ». « Être sous l'eau, c'est percevoir le monde d'une façon nouvelle, réapprendre à entendre, à voir et à se mouvoir. C'est aussi stimuler l'ensemble de nos sens et éveiller de nouvelles sensations.»

Théâtre de Châtillon - du 14 au 16 mars. 
Sceaux, Les Gémeaux - 25 et 26 mai (dès 18 mois).