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Regards sur le monde, le nouveau musée départemental Albert-Kahn ouvre ses portes à Boulogne-Billancourt

Regards sur le monde, le nouveau musée départemental Albert-Kahn ouvre ses portes à Boulogne-Billancourt

Au début du XXe siècle, le banquier Albert Kahn qui a fait fortune dans les ressources minières crée et finance une dizaine de fondations pour favoriser la compréhension entre les peuples. Philanthrope, mécène, pacifiste, visionnaire, humaniste… aujourd’hui encore, sa personnalité énigmatique et son projet un peu fou nourrissent l’imaginaire du public et les travaux des chercheurs. Sur ses terres, un musée flambant neuf lui rend hommage avec des collections uniques au monde.

Aux origines

De sa propriété boulonnaise, Albert Kahn envoie ses opérateurs dans une cinquantaine de pays, entre 1909 et 1931. Leur mission : constituer des « Archives de la Planète » en photographiant et filmant un monde sur le point de disparaître, balayé par les transformations du XXe siècle. De leurs expéditions, ils rapportent 72 000 plaques autochromes,
procédé industriel de photographies en couleurs récemment breveté par les frères Lumière, ainsi qu’une centaine d’heures de films en noir et blanc. Images et films, aujourd’hui collections du musée, sont ensuite pour certains projetés à Boulogne devant des invités triés sur le volet. Ces personnalités ont ensuite le privilège de visiter le somptueux jardin alentours, là où des paysages cosmopolites poursuivent la démonstration d’un dialogue harmonieux entre différentes cultures. Des mises en scène spectaculaires et féériques y appuyaient le propos et frappaient les esprits, au gré des différentes ambiances paysagères des jardins, verger-roseraie, prairie à l’anglaise, marais, forêts et jardin japonais. 

Geste architectural

Le musée est la première étape d’un voyage au coeur du projet servi par les images et les jardins. Il se déploie dans un bâtiment signé Kengo Kuma, architecte mondialement connu pour le stade olympique de Tokyo, et à qui on doit notamment le Frac de Marseille, le Conservatoire de musique et de danse d’Aix-en-Provence ou encore la future station de métro Saint- Denis-Pleyel, qui a remporté le concours face à cinq propositions d’architectes de renommée internationale. Le nouvel édifice présente une façade en forme d’origami au sud, sur le rond-point Rhin-et-Danube, et semble s’effacer au nord, côté jardin, pour mieux se fondre dans les tableaux végétaux. C’est l’engawa, zone de transition entre intérieur et extérieur dans la tradition japonaise, qui le relie en douceur au jardin. Le même principe s’applique à différents bâtiments du site, rénovés et désormais intégrés à un parcours de visite qui rend sa cohérence au projet d’Albert Kahn. 

Voyages en images

Les espaces du nouveau musée occupent 2 300 m² : accueil et exposition permanente au rez-de-chaussée, expositions temporaires au premier étage et restauration au second. La scénographie rend aux images toute leur force : après une évocation d’Albert Kahn et de son oeuvre, les Archives de la Planète s’imposent au gré des projections, mur d’images, témoignages d’experts, écran tactile… Dans le jardin, la « Fabrique des images » détaille les techniques de prise de vue, le matériel et le style des opérateurs. La salle des Plaques, ancien « laboratoire » où sont conservées les boîtes originales, témoigne de l’ampleur de cet inventaire du monde tandis que le cabinet de projection attenant abrite une lanterne de projection d’autochromes, telle qu'utilisée autrefois..

Collections végétales

Au centre du jardin, les ailes de la serre monumentale accueillent deux nouveaux espaces : « Jardins de société », où cartographie illustrée, autochromes, films et témoignages évoquent l’impression que produisait la visite du jardin sur les hôtes du banquier, et « Jardin philosophique », où le site est envisagé comme laboratoire d'étude pour l'exploration du vivant. Des autochromes du jardin et des films sur la croissance des végétaux réalisés par Jean Comandon y alimentent un dispositif audiovisuel et sonore immersif. Non loin de là, dans la grange vosgienne restaurée, les jardins sont décrits comme un « patrimoine vivant » qui évolue, se modifie, tout en restant fidèle à l’esprit du lieu. Documentées par les collections, les évolutions des jardins ouvrent ici la réflexion sur les savoirfaire, les restaurations, alors qu’un herbier photographique orné d’une vingtaine d’espèces emblématiques du jardin illustre sa richesse botanique. La promenade dans les allées permet de contempler le  remarquable « village de thé » japonais traditionnel, installé à l’époque du banquier et récemment rénové par le Département..

Voyages à tout âge

Le nouveau musée défend les valeurs universelles associées au projet d’Albert Kahn, humanistes, historiques, scientifiques, culturelles et sociales. Garni de dispositifs à manipuler, le parcours de visite rend chaque visiteur acteur, l’invitant à se réapproprier les collections. Cette même philosophie vaut pour le Salon des familles, un espace convivial ouvert à tous, inspiré des années 1930 et installé dans le nouveau bâtiment. Là, sur 102 m², le photomaton « Studio Kahn » permet de poser comme les invités du banquier, un dispositif de tournage met à disposition les manivelles de sa caméra pour filmer comme les opérateurs et des jeux créatifs suscitent les échanges sur les images de la collection. 
Les équipes du musée animent également sur place des visites et ateliers dédiés aux scolaires, de la maternelle au lycée, pour explorer, comprendre et réinterpréter les Archives de la Planète. Ces animations suivent un parcours d’éducation artistique et culturelle où l’éducation à l’image et par l’image occupe une place centrale : comment donner à voir le monde ? Dans quels buts ? Quelles méthodes et quelles techniques étaient utilisées ? Quelles sont les résonances de cette collection aujourd’hui ? Illustration concrète de l’actualité des questionnements au coeur du projet du banquier. 
Ces aménagements célèbrent l’ambition humaniste du mécène : les tableaux végétaux de son jardin y font écho aux collections d’images du musée. Images qui invitent à leur tour le visiteur du XXIe siècle à voyager dans le sillage des opérateurs de jadis, en quête d’un monde disparu.

Et aussi

Exposition - « Concordance - une exploration dans les Archives de la Planète »

Le musée invite les EpouxP - Pascale & Damien Peyret pour son ouverture. Dans la salle des Plaques, écrin originel des Archives de la Planète, les artistes présentent une sélection de séquences
vidéos, oeuvre commune née d’un projet de Contrat local d’éducation artistique (CLEA). En 2019, ils ont exploré avec des habitants de Bagneux, Châtillon, Malakoff et Vanves des pistes de lectures inédites des Archives de la Planète, questionnant ce qu’elles pourraient être aujourd’hui. 

À nouveau musée, nouvelle programmation

Pour s’imprégner de l’esprit des lieux et approcher ses collections exceptionnelles, découvrez ce programme inédit de visites et ateliers, pour les adultes, les familles !   
Programme complet, infos pratiques et réservations sur albert-kahn.hauts-de-seine.fr  

Infos pratiques

Musée départemental Albert-Kahn 
2 rue du Port
92100 Boulogne-Billancourt
01 55 19 28 00
albert-kahn.hauts-de-seine.fr   

Le monde d’Albert Kahn sur vos écrans

En vue de son ouverture, le musée lance une nouvelle version de son site internet.
Une présentation du lieu, des collections, de la programmation avec un agenda, une rubrique « Ma visite » pour préparer sa venue, des vidéos ou encore des podcasts. Une version anglaise est annoncée et, à l’ouverture du musée, un plan interactif du nouveau parcours aidera le visiteur à se repérer;. Autre outil précieux, le chatbot répond aux questions des internautes sur le site du musée ou via Facebook messenger. La « guide virtuelle » Madame Laurent, intendante d’Albert Kahn, livre des informations pratiques et des connaissances sur le personnage et sur son jardin. Pour informer ses visiteurs, futurs visiteurs et admirateurs du monde entier, le musée communique sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter. Sa newsletter suit l’actualité du site, des collections, des expositions et en détaille les animations... La nouvelle base de données des collections ajoutera progressivement ses contenus au site du musée. En plus des données disponibles sur l’open data départemental, elle offrira l’accès aux notices intégrales de chaque oeuvre, autorisera des recherches plus complexes, proposera des parcours thématiques et donnera accès à l’ensemble des films d’époque.