Solidarité : le Département contre l’isolement

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Sept centres de protection maternelle et infantile continuaient à accueillir le public pendant le confinement. CD92/JULIA BRECHLER
Afin que confinement ne rime pas avec isolement, le Département maintient, partout sur le territoire et à distance, ses missions d’action sociale et de protection de l’enfance.

Trouver porte close quand on a besoin d’aide : c’est cette situation qu’a voulu éviter le Département en maintenant l’ouverture partielle de ses services pendant la crise. Une ouverture qui permet d’orienter au mieux les demandes en fonction des règles de confinement et qui concerne neuf des treize services sociaux territoriaux - dont les trois pôles sociaux de Châtenay-Malabry, Villeneuve-la-Garenne et Châtillon – ainsi que sept centres de protection maternelle et infantile (PMI).  « Si c’est pour des photocopies, faire le point avec son référent, rencontrer un assistant social, alors on invite la personne à rentrer chez elle. Nous la rappelons au plus vite ou elle nous rappelle. En revanche, si la situation présente un besoin urgent, elle est reçue sans attendre », explique Francine Bagassien, responsable du service de solidarité territoriale 1 qui dessert, autour du pôle de Villeneuve-la-Garenne, un bassin de 30 000 habitants. Mais le meilleur réflexe, avant de se rendre sur place, reste d’appeler ou de privilégier le mail et le formulaire électronique. Cette nouvelle organisation s’inscrit dans le plan de continuité d’activité (PCA) du Département, déclenché le 16 mars, qui prévoit le maintien des missions prioritaires, dont les solidarités. « En tant que chef de file de l’action sociale, nous allons continuer à prendre en charge les usagers, de la petite enfance au grand âge », souligne, Élodie Clair, directrice générale adjointe du pôle Solidarités, pour qui « la lutte contre l’isolement est la problématique majeure de cette crise ».

Tensions exacerbées

En vertu de ce « PCA », à Villeneuve-la-Garenne, en plus de la chef de service, ils ne sont plus que quatre à intervenir - un agent d’accueil, un travailleur social, une puéricultrice, un cadre - contre quarante d’ordinaire dans ces locaux inaugurés il y a un an et demi, regroupant toute la palette d’action sociale départementale. Pour ces agents, présents par roulement, masques et gestes barrières sont bien sûr de mise. Une fois par semaine, voire deux depuis la crise, les rejoint un médecin de la PMI pour les vaccinations obligatoires des nourrissons de deux, quatre et onze mois. « Afin d’éviter que les femmes enceintes et les jeunes parents ne se rendent en milieu hospitalier et soutenir le corps médical de ville nous proposons aussi depuis peu des téléconsultations pour les jeunes ou futures mamans », précise Francine Bagassien. Les autres rendez-vous présentent tous un caractère d’urgence. Ils concernent les femmes victimes de violences, reçues si besoin par une conseillère conjugale et familiale, des jeunes relevant de la protection de l’enfance, dont certains « ont du mal supporter le confinement », ou encore des demandes d’aide financière ou alimentaire. L’essentiel des contacts a désormais lieu à distance, par l’intermédiaire des professionnels en télétravail. « On constate que le confinement peut exacerber certaines situations et conflits existants. Mais il produit aussi une prise de contact régulière avec l’ensemble des publics. Nous essayons de joindre y compris ceux qui ne se manifestaient pas pour voir si tout va bien. Les agents prennent le temps de comprendre la situation, restent disponibles et connectés si besoin », poursuit la professionnelle.

Maillage partenarial

« Au début, il y a eu un grand silence, tout le monde était perdu. Et puis très vite, je me suis demandé comment nos jeunes allaient vivre cette période : il n’y a rien de pire que de faire face à du vide, le risque était de créer de l’exclusion, des ruptures », raconte Philippe Da Silva, chargé de prévention sur les territoires de Bagneux, Fontenay-aux-Roses et Bourg-la-Reine. Pour « occuper le terrain à distance », avec les associations de prévention spécialisées du secteur, il a mis en place une « veille active jeune 11-25 », opérationnelle depuis le 30 mars. De manière dématérialisée, ce dispositif fait revivre les instances de concertation suspendues par la crise, et avec elles la prévention des situations à risques. Une quarantaine de partenaires sont entrés dans la boucle afin de maintenir les droits fondamentaux des jeunes – alimentation, mise à l’abri, scolarité, formation, emploi -, leur accès aux soins et aux liens sociaux et garantir, le cas échéant, la continuité des mesures de protection de l’enfance.

Plusieurs situations ont déjà pu être débloquées grâce à cette veille, comme celle de ces lycéens de Bourg-la-Reine privés de leurs tablettes numériques, que confinement oblige, ils avaient dû abandonner sur leur lieu de stage. « On a été prévenus par la mairie. Ensuite par l’intermédiaire de la Région, ils ont pu récupérer un équipement », détaille le chargé de prévention. Ailleurs, un jeune connu d’une Maison de quartier errait dehors. « Sa mère était en situation difficile, ne pouvait pas acheter à manger et n’arrivait pas à le contenir. Une assistante sociale du Département a pris contact avec elle. La ville lui a aussi accordé une aide. » Prolongement de cette veille, une page facebook et un compte instagram ont vu le jour, supports d’information et de lien pour les parents et les jeunes et façon pour les professionnels de continuer à marquer leur présence.

Rassurer les usagers

Grâce à la dématérialisation des dossiers, aux tableaux de suivi d’activité partagés et aux échanges, le travail administratif continue à distance, de façon à éviter toute rupture de droits. Plutôt que d’être expédiées par courrier, les pièces le sont désormais par scan, ou par le smartphone des usagers. «  Le Département maintient ses prestations en matière de handicap ou pour les personnes âgées et le RSA sera versé en avril et mai, quand bien même il manquerait des éléments », martèle Francine Bagassien, qui, au fil des semaines, fait face à des inquiétudes croissantes en matière de droits sociaux mais aussi de conjoncture économique, un certain nombre d’usagers craignant de se retrouver au chômage à l’issue du confinement. « On s’adresse à une population paupérisée, avec une précarité sociale et financière, mais depuis le début du confinement, nous n’avons pas reçu de situation de grande vulnérabilité pour laquelle il n’y a pas eu de réponse de notre part ou des services de la ville. »