Le Département se mobilise contre la prostitution des mineurs

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Solidarité Éducation et jeunesse

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Solidarité Éducation et jeunesse
Nathalie Léandri, vice-présidente chargée de l'éducation et du numérique éducatif, a lancé la semaine de prévention contre le risque prostitutionnel des jeunes à l'Orangerie de Sceaux.CD92/OLIVIER RAVOIRE
Du 19 au 26 novembre, le Département organise une semaine de prévention contre le risque prostitutionnel des jeunes. Une première journée de conférence a permis de mieux cerner cette problématique dans les Hauts-de-Seine et d'élaborer un plan de sensibilisation.

La date n’a pas été choisie au hasard. La semaine de colloque qui se déroule du 19 au 26 novembre coïncide à la fois avec la journée internationale des droits de l’enfant et celle de lutte contre les violences faites aux femmes. Au programme, trois demi-journées d’interventions et trois séances de ciné-débat animées par l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE) pour établir un diagnostic complet de la prostitution chez les mineurs : un portrait type de ces jeunes et de leurs proxénètes ainsi que les conséquences de la « prostitution 2.0 » alimentée par internet et les réseaux sociaux.

D’après une étude menée en janvier 2021 par le ministère de la justice, il existerait entre 7 000 et 10 000 mineurs prostitués en France. « Ce phénomène prend une ampleur inquiétante sur l’ensemble du territoire national et il serait naïf de penser que notre département est épargné », souligne Nathalie Léandri, vice-présidente chargée de l'éducation et du numérique éducatif. Quasi exclusivement des filles, âgés pour la plupart de 15 à 17 ans, de tous milieux sociaux, en grande vulnérabilité voire en rupture familiale, ces jeunes prostitués restent difficiles à repérer car passés, avec l’usage du numérique, d’une prostitution de rue à une prostitution hébergée, plus anonyme. « Cette activité s’est totalement banalisée avec la pornographie, ajoute Catherine Champrenault, ancienne procureure générale de la cour d’appel de Paris et présidente du groupe de travail gouvernemental sur la prostitution des mineurs. Les victimes ne se considèrent pas comme telles, sont peu coopérantes et vivent même la prostitution comme une sorte de promotion sociale, ce que l’on appelle l'“effet Zahia” (du nom de l’escort-girl impliquée dans une affaire de mœurs avec des joueurs de l’équipe de France de football ndlr). »

Stratégie en quatre piliers

Face à ce constat, le Département se mobilise pour améliorer la prise en charge de ces jeunes grâce à une stratégie ambitieuse qui s’articule autour de quatre piliers : prévention des jeunes et de leurs parents, protection des mineurs en cas de danger, signalement des proxénètes et formation des professionnels. Certains moyens sont déjà opérationnels comme les consultations sexo jeunes depuis mai 2020, des ateliers collectifs dans les Centres de Planification ou d’Éducation Familiale ou encore le « michetomètre », un outil de sensibilisation destiné à faire prendre conscience aux jeunes d’activités prostitutionnelles parfois minimisées. Enfin, au quotidien, les 85 médiateurs éducatifs déployés dans 74 collèges identifient et accompagnent les élèves vulnérables exposés à ces risques. « Une mallette pédagogique va également être déployée dans les collèges pour aborder la vie sexuelle et affective des jeunes, poursuit Anne Clerc, préfète des Hauts-de-Seine déléguée à l'égalité des chances. Cet outil va permettre de repérer et prendre contact avec des jeunes en situation de prostitution. » Cette stratégie départementale fait écho au plan national annoncé le 15 novembre dernier par le Gouvernement. Il se déploiera en 2022 autour de cinq priorités et treize actions.