À La Défense, un musée immersif des arts urbains

Un musée d’art urbain éphémère s’est installé le 7 juin à La Défense, proposant une immersion spectaculaire dans l’univers de cinq cents artistes internationaux. Jusqu’au 21 décembre.

Le Zoo Art Show a été créé en 2018 à Lyon par Antoine Roblot, avec le soutien d’acteurs de la réhabilitation immobilière, sous la forme de festivals des cultures urbaines, centrés sur le graffiti, ouverts à toutes les tendances du street art. Dans la « capitale des Gaules », les « animaux » des graffeurs du Zoo Art Show ont ainsi colonisé des espaces urbains en transition, dont l’unique immeuble de bureaux construit par l’architecte Tony Garnier, rassemblant des dizaines de milliers de visiteurs. À La Défense, le Zoo Art Show s’affiche comme le premier musée immersif des arts urbains de la capitale, entendue au sens large, pas si éphémère que cela puisque ça va sentir la peinture en bombe au moins jusqu’à l’hiver.

Exploration urbaine

L’art est un vecteur de bien-être et de bien vivre, et qui fréquente La Défense connaît le vaste parc de sculptures à ciel ouvert que le quartier a déployé depuis l’origine. Le musée immersif du Zoo Art Show s’est installé en regard d’une œuvre monumentale emblématique du parvis, l’Araignée rouge de Calder, qui se reflète dans les vitres de la Maison de La Défense, immeuble construit en 1983 par l’architecte Henri La Fonta. Coïncidence symbolique, c’est à peu près dans ces mêmes années que se sont développées les cultures urbaines, du graffiti au hip-hop, que le Zoo Art Show nous invite à « explorer » sur quatre étages. Car l’accent a été mis, dans la scénographie comme dans les animations permanentes qui montrent les artistes au travail, sur l’immersion : la visite évoquerait assez une « urbex », exploration urbaine visuelle et sonore, plutôt que le sage fil rouge du musée traditionnel. Tout en haut, le Vandal Squat évoque les premiers âges de l’art urbain, le tag, l’affichage sauvage, dans une ambiance de squat des 80’s et des 90’s. En dessous, le Street Art Maze forme un dédale au tournant des années 2000, quand le street art s’est ouvert au grand public. L’Urban Playground s’intéresse aux installations multimédias et l’Art Show du premier niveau réunit une collection d’œuvres originales qui, à la manière du hip-hop entré sur les scènes des théâtres, ont franchi les portes des institutions muséales – entre autres de la star anglaise Banksy et du mosaïste français Invader.

Le street art est une expression artistique qui peut parler à tout le monde et créer du lien familial.

Visites familiales

La plupart des codes sont au rendez-vous : les masques dont celui du maréchal Panda, la figure historique de la ménagerie lyonnaise, les punchlines (« vous êtes des animaux »), le flow de Pumps and a Bumb de MC Hammer qui rappe sur les premières vidéos des réseaux sociaux, les pseudos nécessaires naguère pour préserver l’anonymat devenus marqueurs et signatures du genre. Parmi les cinq cents artistes annoncés, les connaisseurs reconnaîtront la patte d’une certaine « french touch » présente dans le voisinage de La Défense comme Dize ou Sane2. Beaucoup viennent d’un peu partout en France, à l’image du Toulousain Snake auteur, entre autres, d’un immense portrait de Laetitia Casta en Marianne au-dessus du port de La Seyne-sur-Mer (Var). Les graffeurs internationaux sont évidemment présents, parmi lesquels l’Espagnol Okuda, le pionnier danois Bates, le Grec Insane 51 spécialiste de la 3D, le New-Yorkais CES, la Japonaise Shiro et sa Mimi aux grands yeux… Au XXIe siècle, la ville s’est familiarisée avec les graffitis et les pochoirs urbains. Il y a plus de trente ans, le jeune Frenchy débarqué à New York changeait de planète quand il traversait en métro l’East River direction Brooklyn par le Manhattan Bridge. Aujourd’hui, le réseau TCL de Lyon est devenu - grâce à la patte des artistes du Zoo Art Show - le premier de France support d’une collection de street art. Le frisson en jeu désormais n’est plus celui d’une vague inquiétude gothique dans une friche industrielle, mais plus universellement celui du plaisir à déambuler dans des espaces intensément colorés et accueillants à tous : le street art est une expression artistique qui peut parler à tout le monde et créer du lien familial - il suffit de voir la même lumière partagée dans les yeux des enfants et des parents. Alors qu’en plein air, au domaine de Sceaux et au parc des Chanteraines à Villeneuve-la-Garenne, le Département propose avec Tours et détours, La Défense sous l’objectif un regard photographique spectaculaire sur le skyline du plus grand quartier d’affaires d’Europe, le Zoo Art Show de Paris La Défense raconte, à sa manière électrique et festive, une autre histoire de la ville et des arts urbains.

Entrez dans la jungle urbaine !

• 4 000 m2
 
• 500 artistes

• 40 ans d’art urbain

• 4 niveaux

• 80 ateliers d’artistes (sur candidature)

• 1 000 m2 d’espaces événementiels dédiés aux entreprises et aux professionnels

• Zoo Afterwork : visite libre de l’exposition en fin de journée et moment convivial autour d’un verre avec DJ Set et animation de digital graffiti.

• Zoo Workshop (ateliers kids 8-12 ans et ados-jeunes adultes) : découverte de l’exposition par un artiste partenaire d’Urban Makers, initiation aux techniques du graffiti et du digital graffiti.

Zoo Art Show Paris La Défense 2025 à la Maison de La Défense
4/12 place de La Défense, Puteaux
Accès Métro-RER Grande Arche, sortie Calder-Miró
Tarifs : de 9 € à 18 €
Billetterie uniquement en ligne
Tous publics, « kids friendly », adapté aux personnes à mobilité réduite
zooartshow.com

Didier Lamare pour
LE MAGAZINE DU DEPARTEMENT DES HAUTS-DE-SEINE
HDS n°6 juillet-août 2025