

1 mois, 1 oeuvre : l'art contemporain pour tous et en tout lieu
L'art s'adresse à tous. En tout lieu. C'est la philosophie du Département qui, depuis 2015, ne cesse de cultiver et d'enrichir son Fonds Départemental d'Art Contemporain. Focus sur une collection en devenir et décryptage d'un nouveau projet "1 mois, 1 oeuvre".
Le Fonds Départemental d'Art Contemporain à l'oeuvre
Outil phare du Département, le Fonds Départemental d'Art Contemporain soutient activement la création artistique cotemporaine tout en s'inscrivant au coeur de la Vallée de la Culture. De l'installation d'oeuvres dans l'espace public - exposition Les Extatiques à Paris La Défense et à La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt, commande publique comme Les Dessous chics de Claude Lévêque - au concours pour une oeuvre monumentale sur le thème de l'égalité pour la pointe aval de l'Île Seguin, le panel ne cesse de s'élargir.
Attractivité et circulation des publics sont les maîtres mots de cette politique culturelle dont le Fonds permet d'ouvrir une nouvelle fenêtre sur l'art contemporain. Depuis le Département acquiert chaque année des oeuvres principalement issues du Salon de Montrouge - dont celle du prix départemental. Encore modeste, la collection se compose de quinze œuvres multiformes (dix videos et aussi peinture, dessin, photos) mais son essence même est de se développer au fil des années par l'acquisition de nouvelles oeuvres.
Une collection qui se découvre aujourd'hui comme une traversée du miroir, nous amène dans un autre univers, un univers parfois mystérieusement familier. Au programme : une vidéo du temps suspendu où les regards, reflets de l'âme, se succèdent comme un film muet ; un banquet décalé où les douze convives en quête de vérité et de bonheur sont joués par une seule et même personne, l'artiste ; le tableau figuratif d'un univers où la mélancolie et la poésie invitent au questionnement... Constats sociologiques ou récits fictifs, le Fonds propose aini une version inédite du monde.
Les quinze créations sont destinées à devenir de véritables supports et outils de médiation culturelle en voyageant sur le territoire grâce à un nouveau projet, "1 mois, 1 oeuvre" , lancée en 2021. La singularité de ce dispostif est de partager les oeuvres exposées non seulement dans des lieux culturels mais aussi et surtout dans d'autres espaces qui ne leur sont pas dédiés habituellement. Une démarche effectuée dans le but de contribuer à la sensibilisation de tous les publics, par le biais par exemple desstructures sociales, médico-socilaies, des collèges, des Ehpad, des lieux d'insertion...
Valéire Hubier pour La revue de la Vallée de la Culture n° 22 - hiver 2020/2021
Rendez-vous en 2021 pour une rencontre avec les oeuvres et les artistes : Thomas Barbey, Kenny Dunkan,Véronique Ellena, Anne-Charlotte Finel, Laura Huerta Millan, Romain Kronenberg, Ludivine Large-Bessette, Ariane Loze, François Malingrëy, Golnâz Pâjâni..
Mille et une Nuits de Golnâz Pâyâni


L' œuvre video Mille et une Nuits de Golnâz Pâyâni ( 2014 Vidéo 5’35’’) a été installée le 15 février 2021 et elle est à découvrir jusqu'au 30 avril au service Social Territorial de Colombes/Bois-Colombes Immeuble "Le Védrine" 102, avenue Henri Barbusse, 92 700 Colombes. Accès : ligne de transilien L, arrêt "Les Vallées" puis dix minutes de marche ou le bus 164 arrêt "Félix Faure" puis trois minute de marche).
Qui est Golnâz Payani ?
![]() CP Golnâz Payani | Golnâz Pâyâni est née à Téhéran en 1986. Après une Licence de Peinture obtenue à la Faculté d’Art de Téhéran, elle poursuit un cursus complet à l’Ecole d’art de Clermont-Ferrand où elle obtient son master, le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique en 2013. Elle expose en solo ou dans des expositions collectives depuis 2011, en France (Paris, Clermont-Ferrand, Thiers, Toulouse, Châteauroux, Annemasse, Chanonat, Grenoble) et à l’étranger (Téhéran, Londres, New York, Turin). Installée en France depuis 2009, elle a obtenu la nationalité française en 2017. Elle développe une pratique ouverte où des médiums variés sont sollicités : film, vidéo, travaux sur tissus, installation, céramique, poésie. Depuis 2019 elle est représentée par la galerie Praz-Delavallade, à Paris et à Los Angeles. www.golnazpayani.com |
Je m’intéresse à la fine frontière entre le visible et l’invisible, à l’objet qui suggère la chose désormais disparue. À la recherche de « moi » après avoir quitté mon pays, une question m’obsède : à quel point la trace garde en elle la mémoire de l’objet original ?
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À propos de l’œuvre Mille et une nuits
Par Michel Cegarra - Publié dans Cahier n°14, juin 2018
Mille et une nuits est une vidéo de 5’35”, réalisée en 2014 par Golnâz Pâyâni. Cette production enchaîne une longue série de brefs plans fixes, issus de films en noir et blanc, de l’époque du cinéma muet. Tous ces plans comportent une scène récurrente, une scène dont on pourrait à la fois dire qu’elle est la même et constamment une autre, paraissant puiser à l’écoulement vertigineux d’un motif en construction permanente, pour nous confronter à cela : un personnage, tourné vers la caméra, découvre soudainement quelqu’un, et son visage s’illumine.
En réalité cette scène récurrente ne s’exprime jamais de la même manière parce qu’elle est tour à tour portée par des visages différents, des acteurs différents et, très certainement, par des injonctions différentes des metteurs en scène. De sorte qu’en dépit d’un mouvement général qui paraît procéder de schémas intentionnels proches, chaque visage est singulièrement neuf, presque comme détaché de tout corps matériel, offrant à la caméra l’impression d’une “âme sortant par les yeux et visitant les objets dans le monde”, selon le modèle de la perception établi par Malebranche.
Ainsi donc, comme une vague, au rythme de la musique du Metropolis de Fritz Lang – ralentie par l’artiste – des personnages s’avancent, se lèvent, se retournent à notre vue, et leurs visages sont tout aussitôt traversés par l’émotion de cette rencontre. Et voici que nous sommes parallèlement capturés, saisis dans cette trame de temps et d’éblouissement, emportés par elle, submergés par l’acquiescement de ces yeux, leur émerveillement ou leur étonnement, de sorte que leur trouble est le nôtre, que nous partageons leur surprise comme si l’image de nous dans le miroir, liée à un temps autre et à un monde parallèle, révélait par avance notre assentiment définitif à cet émoi perdu de vue.
Par Golnâz Pâyâni
"Un groupe se forme. L’un d’entre eux commence à marcher. Les hommes et les femmes lui ouvrent un chemin. Sortant du cercle, il se met face au groupe. Puis se redresse, ouvre les bras, montre le ciel, le groupe suit son doigt. Il montre la terre, les têtes s’inclinent. Il pousse un cri sans voix, tourne sur lui-même, finit par s’asseoir sur le sol.
Un autre parle. "Bien que ces vers qui glissent sous la terre, puissent provoquer notre dégout, ils préparent en secret le lit de la graine. Là, où elle pourra repousser, renforcer ses racines".
Un autre prend la parole. "Les racines sont les veines de la terre".
Une femme s’agenouille. "Les veines de la terre se sont nourries de nos bien aimés, sa richesse est leurs ".
Un jeune parle à voix basse des ruisseaux sous-terrain, un autre des nuages et de l’eau, l’un prie le soleil, l’autre les orages ...L’épaisse couche de goudron s’étale sous mes chaussures, le plafond de la pièce se rapproche de ma tête ...
Je les ai bien regardé, je n’ai rien vu. Je les ai bien écouté, je n’ai rien entendu."
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