Un plan massif pour les déplacements à vélo

3 min 46 s de lecture

Mobilité

-

3 min 46 s de lecture

Mobilité
Le département accélère sa politiqiue en faveur des déplacements à vélos sur son territoireCD92/Olivier Ravoire
Avec cent vingt kilomètres d’itinéraires supplémentaires, des services, le plan vélo départemental 2022-2028 témoigne d’une ambition sans précédent en faveur de l’émergence d’une culture vélo.  

Vélotaffeurs, familles sur le chemin de l’école, retraités, ou, fendant la mêlée, d’imposants vélos cargo, les pistes cyclables provisoires aménagées au sortir du premier confinement ont su conquérir un public intergénérationnel. « Leur part dans l’ensemble des déplacements a pu atteindre jusqu’à 30 % par endroit à l’heure de pointe, explique Thierry Dussautoir, chef du service des mobilités au Département. Elles ont servi de test grandeur nature, en nous permettant d’évaluer la configuration la plus attractive pour les cyclistes.» La longueur de l’itinéraire, sa continuité, sa largeur « pour que les plus rapides, par exemple les vélos à assistance électrique, puissent doubler les plus lents » et sa lisibilité dans l’espace s’avèrent décisifs. Tout comme le sentiment de sécurité « car en ville le premier frein à la pratique reste la peur ». À l’avenir, le Département va poursuivre son effort pour faire du vélo une mobilité du quotidien à part entière​​​​​​​, afin de répondre aux aspirations des habitants à des déplacements plus fluides et à une meilleure qualité de vie. « Notre plan a été élaboré en concertation avec l’ensemble des acteurs impliqués – et notamment le Collectif vélo Ile-de-France, qui représente les usagers, et bien évidemment les maires, précise le président du Département, Georges Siffredi. En 2028, 70 % de la voirie départementale sera aménagée. » Cent cinquante millions d’euros seront investis en faveur du vélo dans le cadre de ce plan approuvé par les conseillers départementaux le 18 février. Il prévoit près de 120 kilomètres d’itinéraires supplémentaires, soit un triplement du rythme de réalisation par rapport à ces vingt dernières années. 

Réseau socle
Les Hauts-de-Seine ne partent toutefois pas d’une page blanche : le linéaire cyclable a quadruplé depuis 2000 et couvre aujourd’hui 40 % des routes départementales. L’offre souffre cependant de faiblesses spécifiques aux territoires hyper-urbanisés : discontinuités et coupures, manque d’interconnexion. « On a aménagé au fil des opportunités,  ce qui n’a pas permis de créer un réseau à proprement parler », explique Thierry Dussautoir. À l’inverse, le plan vélo correspond à une vision stratégique claire : la réalisation d’un réseau socle, avec des itinéraires longs, continus, sécurisés et interconnectés, qui relieront zones d’habitat d’un côté, gares, collèges, zones d’emploi ou de commerce, quartiers enclavés de l’autre…  
La liste de ces itinéraires dits structurants a été dressée. Les cinquante kilomètres de pistes provisoires, par exemple, seront  pérennisés. Réfection des marquages, pose de séparateurs ainsi que de potelets à proximité des carrefours sont au programme dès 2023 pour partie d’entre elles. Une étape elle-même transitoire avant les aménagements définitifs. Autre mesure phare, la création d’axes interdépartementaux entre La Défense et la vallée de la Seine et entre le sud du territoire et Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines le long des navettes domicile-travail. Cinq en tout. Des continuités seront assurées également avec les départements limitrophes ainsi qu’avec le RER Vélo  porté par le Collectif vélo Île-de-France et la Région - un projet de réseau cyclable alternatif au réseau lourd. Sans oublier les dessertes urbaines principales vers les villes. Enfin viennent les rabattements en direction des gares ou futures gares – notamment des lignes 15 sud et 18 du Grand Paris Express - et la résorption des principales coupures, urbaines ou naturelles. 

Partager l’espace 
Dans l’esprit des pistes cyclables provisoires, les itinéraires seront aussi larges et sécurisés que possible. Leur conception, première étape invisible de ce plan, prendra notamment en compte les questions de continuité dans les carrefours ou encore le partage de l’espace avec les piétons. Bien que ne faisant pas partie des routes départementales, les trois véloroutes nationales de loisirs et de tourisme, très fréquentées aux beaux jours, sont partie intégrantes du plan. La plus récente est La Seine à vélo, mise en service en 2020, à laquelle s’ajoute l’Avenue Verte Paris-Londres et la Véloscénie, reliant Paris et le Mont Saint-Michel. Dans sa partie alto-séquanaise cette dernière sera, comme les deux autres, entièrement jalonnée. Quant à la promenade départementale des Vallons de la Bièvre ou coulée verte, située sur cette Véloscénie et victime de son succès aux heures de pointe, elle « doit retrouver sa vocation de loisirs ». L’aménagement des voiries avoisinantes permettrait en effet de déplacer le trafic et de réduire les conflits entre piétons et cyclistes du quotidien. 

Vers une culture vélo
Mais les itinéraires ne font pas tout. Le vol ou le manque de stations de gonflage et de recharge sont à eux seuls des freins non négligeables au développement de la pratique. Sur ce volet des services, l’objectif du Département est de multiplier les stationnements, mais aussi de créer des haltes le long des véloroutes ou encore de soutenir la création de points de réparation ou d’autoréparation… Enfin pour encourager le développement d’une « culture vélo » dès le plus jeune âge, le Département soutiendra les actions des communes et des associations - vélo-école, sécurité routière, éducation à la maintenance… - tout en approfondissant ses propres interventions en direction des collégiens : piste-école au parc départemental des Chanteraines, à Villeneuve-la-Garenne, réalisation d’un kit vélo pour les professeurs dans le cadre du brevet de sécurité routière… 
Combinant infrastructures, services dédiés aux cyclistes et culture vélo au sein d’un seul et même écosystème, ce plan créé toutes les conditions d’un nouvel essor de la pratique.