Patrick Devedjian, portrait d’un amateur d’art en politique

3 min 11 s de lecture

Culture

-

3 min 11 s de lecture

Culture
Patrick Devedjian président du Conseil Départemental le jour de l'ouverture de la Seine Musicale a Boulogne-Billancourt le 18 avril 2017.CD92/OLIVIER RAVOIRE
Ses treize années à la tête du Département des Hauts-de-Seine ont été marquées par une action constante en faveur de la « culture pour tous » et un grand projet structurant : la Vallée de la Culture.

Élu maire d’Antony en 1983, la première élection municipale après le vote des lois de décentralisation, Patrick Devedjian a été, avec toute une nouvelle génération d’élus locaux, l’un des artisans de la transformation de la banlieue en un territoire attractif qui, avec les années, n’aura plus rien à envier à Paris : « La Seine Musicale est le point d’orgue d’un long rééquilibrage territorial vers l’Ouest », déclarait-il lors de l’inauguration en 2017 de ce équipement culturel créé à son initiative sur la pointe aval de l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, à l’emplacement même de l’ancien « vaisseau amiral » de la Régie Renault. « Nos villes de banlieue que l’on disait “dortoirs” se sont peu à peu transformées. Grâce à l’obstination des élus locaux, elles ont vu sortir de terre des théâtres, des cinémas, des librairies, des commerces, des équipements de loisir. » Bâtie en un temps record, cet équipement culturel unique en France imaginé par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines restera sans doute comme le legs emblématique de sa présidence. « La Seine Musicale était son projet, rappelait la cheffe d’orchestre Laurence Equilbey le 30 mars dansLa Lettre du musicien.  Il était aussi très présent dans le projet d’Insula Orchestra (l’orchestre en résidence, NDR), qu’on a construit avec l’aide du Département. Il suivait de manière concernée et enthousiaste nos actions, en soutenant notamment notre programme d’inclusion sociale qui lui plaisait particulièrement. » « Le choix du Département s’est porté ici sur un équipement musical, disait-il, parce que la musique est l’art le plus accessible, le plus démocratique, le plus universel qui soit. »
La Seine Musicale n’était cependant que la principale réalisation d’un projet plus vaste - la Vallée de la Culture - dont il avait présenté les grands principes dès son discours d’investiture à la tête du Département des Hauts-de-Seine en juin 2007. « Je crois en la rencontre entre la culture et l’économie, expliquait-il. L’économie pour l’économie, isolée, ascétique, c’est utile mais c’est ingrat. De même que la culture, coupée des réalités économiques et de l’attractivité, est vouée à dépérir. La culture donne sa vie et sa noblesse à l’économie. L’une des forces de la culture, c’est aussi de transcender les époques, de dépasser les barrières intellectuelles, de toucher tous les publics. Partout dans les Hauts-de-Seine, j’ai voulu que la culture “infuse” de cette manière, avec le grand projet de la “Vallée de la Culture” ».​ Un projet qui était aussi étroitement lié à l’aménagement des Hauts-de-Seine : « Avec ce grand projet, nous avons, à la fois, fait en sorte de mieux valoriser et renforcer notre patrimoine culturel mais aussi d’en faire un levier de reconquête de la Seine, le fleuve qui structure notre territoire ».
Outre La Seine Musicale, la Vallée de la Culture inclut aussi la rénovation des parterres de broderies du Domaine de Sceaux tels que les avait conçus Le Nôtre, le nouveau musée départemental Albert-Kahn signé par l’architecte japonais Kengo Kuma qui ouvrira ses portes en 2021, la création, en cours, d’une Cité des Métiers d’art et du design à Sèvres (pour l’automne 2021) et, dernier grand projet lancé par Patrick Devedjian, le musée du Grand Siècle qui verra le jour en 2025 en lisière du Domaine national de Saint-Cloud grâce à la donation de l’académicien et ancien président-directeur du Louvre, Pierre Rosenberg, avec qui il partageait le goût des collections et de l’art français du XVIIe siècle. Le Département avait aussi rénové la Tour aux Figures de Jean Dubuffet sur l’île Saint-Germain - elle devait être à nouveau ouverte au public le 29 avril … - premier jalon d’un parcours de sculpture qui longe la Seine jusqu’à la collection exceptionnelle d’œuvres contemporaine de Paris La Défense. « Quand vous réussissez à créer un climat culturel, il en naît un rayonnement dont les bénéfices se font voir dans tous les domaines pour votre pays, rappelait-il au sujet du Grand Siècle au mois de décembre dernier. La culture n’est pas quelque chose de superficiel : ça n’a rien à voir avec le luxe. C’est au contraire la forme la plus haute de l’éducation, une éducation donnée à tout le monde. On ne peut rien faire de mieux pour le consensus national, l’intégration, la cohésion sociale que de développer l’action culturelle…​ » Pour ce grand lecteur de Tocqueville qui fut avec Raymond Aron à l’origine de la revue de référence Contrepoint (qui deviendra Commentaire), la culture avait aussi une autre qualité : « elle donne le goût de la liberté ».