Deux sites emblématiques et quatre éléments fondamentaux

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Culture

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Huit artistes ont investi Paris La Défense et La Seine Musicale. Ici la transposition en trois dimensions par l’américain Philippe Haas des tableaux allégoriques d’Arcimboldo, célèbre œuvre de la Renaissance italienne.CD92/WILLY LABRE
Sur le thème des « Quatre éléments » la sixième édition de la promenade artistique en plein air Les Extatiques, dont le Département est partenaire, propose jusqu’au 1er octobre de partir à la découverte de treize œuvres amusantes, surprenantes ou énigmatiques entre La Seine Musicale et le parvis de Paris La Défense.

On les reconnaît du premier coup d’œil. Le printemps souriant, chargé de fleurs et de végétaux, et l’hiver, visage austère d’écorce, cheveux de lierre, barbe moussue. Sur le parvis de Paris La Défense les célèbres tableaux de Giuseppe Arcimboldo s’exposent en trois dimensions et en grand format. La série Four Seasons de l’Américain Philippe Haas, spécialiste du changement d’échelle et de support, fait étape dans les Hauts-de-Seine et en plein air. « Ces sculptures sont souvent montrées dans des musées. Je suis content qu’elles prennent leur envol en extérieur auprès du grand public. » A La Seine Musicale les allégories du Printemps et de l’Automne voisinent avec une autre de ses transpositions monumentales : sur le plus grand écran d’Europe s’affiche Apollo & The Continents, fresque numérique inspirée de Tiepolo, où une centaine de figures mythologiques et allégoriques prennent vie.

Du début de l’été aux prémices de l’automne, cette 6e édition invite à une nouvelle déambulation poétique entre deux sites de la Vallée de la Culture : Paris La Défense, où la manifestation a pris ses marques en 2018 et La Seine Musicale, investie par les oeuvres éphémères depuis l’édition 2020. « Cette manifestation s’inscrit dans la volonté du Département d’une culture exigeante et ouverte à tous. Le public le plus éloigné de la culture, bien souvent, n’ose pas pousser la porte des musées », rappelle Jeanne Bécart, vice-présidente du Département en charge de la culture.  Pour la première fois cette année quatre artistes exposent simultanément sur les deux sites - comme Philip Haas avec ses allégories arcimboldiennes dont la générosité exprime celle de la terre nourricière, suivant le thème des « Quatre éléments ». « Dans beaucoup de cultures, on considère que l’Eau, la Terre, le Feu et l'Air sont les éléments fondamentaux. Ce thème anime la pensée du monde entier depuis l’Antiquité », explique le commissaire d’exposition Fabrice Bousteau qui voit dans l’art un « 5e élément » et « une conscience supplémentaire offerte par les artistes »

Le faucon et le feu

Le dialogue s’instaure entre les œuvres, pour la plupart des commandes inédites, et les espaces urbains environnants. Julien Salaud associe ainsi le faucon et le feu avec une statue déployant ses ailes majestueuses dans la perspective historique de Paris La Défense et fait voler son « marsouin d’argent » orné de motifs aquatiques sur le toit de La Seine Musicale.  « Une œuvre appelant à un meilleur partage du territoire » avec les autres espèces. Le jardin Bellini abrite le troupeau de bancs un peu frondeurs de Cornelia Konrads – qui situe son propos entre humour et catastrophe – et les modules géométriques de Jérémy Gobé.  Leurs motifs sont inspirés du corail de Neptune, leurs formes de pyramides, de sphères et de cubes, symbolisent l'univers de la construction et l’artiste a lui-même conçu le « béton écologique » qui les constitue. « Face à l’écoanxiété, j’essaie de mettre mes créations au service de solutions collectives, confie-t-il. Aujourd’hui cette technique est confidentielle mais c’est comme en haute couture. On invente des choses un peu pointues qui se retrouvent ensuite dans le prêt à porter. »

Ce thème de l’environnement reste d’année en année d’une actualité brûlante et au cœur des Extatiques. « Nous sommes dans une situation où la question de l’eau est cruciale, où nos terres ont été épuisées par l’agriculture intensive, où nos forêts brûlent et où notre air est pollué... La particularité de tous ces artistes est de nous donner pour la plupart une vision positive malgré cette crise  », résume Fabrice Bousteau.