GameWard enflamme La Seine Musicale

5 min de lecture

Culture Jeunesse Sport

-

5 min de lecture

Culture Jeunesse Sport
Dix rencontres étaient au menu de cette deuxième édition du LFL Day, réunissant les meilleures équipes du classement français.CD92 / Stéphanie Gutierrez-Ortega
À l’occasion du LFL CIC Day, plus grande compétition francophone d’esport, les meilleurs joueurs de League of Legends se sont affrontés le 16 février sur la Grande Seine. Parmi eux, cinq pépites de Boulogne-Billancourt.

L’horloge indique 20 heures. Lovés au fond de leur siège baquet, micro-casques vissés sur le crâne, « Badlulu » et ses acolytes aux pseudos farfelus s’apprêtent à engager une partie d’anthologie face à leur concurrent de la soirée : le LDLC OL, leur équivalent lyonnais. Plongés dans une salle de spectacle surchauffée, les cinq joueurs de l’équipe d’esport professionnelle de Boulogne-Billancourt disputent en ce 16 février le LFL CIC Day.

Ce rendez-vous de la « planète jeu vidéo » est le plus attendu du championnat de France de League of Legends (LFL), un jeu de bataille en ligne. Après le succès de l’édition 2022, la plus grande compétition esport francophone a de nouveau investi l’écrin de La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt, avec le soutien du Département. Ce rare moment de communion est savouré par les fans, visiblement impatients à l’idée de croiser leurs joueurs fétiches au hasard d’un couloir.

Un public conquis

À tour de rôle, les « légendes » de cette discipline, dont les audiences crèvent le plafond en France - au point de talonner celles de la Ligue 1 et du Top 14 – s’opposent sur scène au cours d’un grand spectacle diffusé sur écran géant. Du côté de GameWard, cette soirée offre l’occasion d’un coup d’éclat à domicile. « Il se peut que l’on ait préparé quelque chose d’un peu exceptionnel… », avait insinué avant le match David Laniel, le co-fondateur du club, évidemment mis au parfum de la stratégie adoptée par son staff.

Conformément à cet alléchant présage, la petite brochette de joueurs boulonnais réserve sur son estrade un effet de surprise totale. Frustrée de devoir partager la première place du classement provisoire avec deux de ses rivaux - dont les Lyonnais - l’équipe s’était décidée à prendre le large ce soir.

Alors elle a fomenté une ruse de Sioux : à rebours de la tactique la plus répandue, les gamers conduisent leurs avatars sur des chemins de traverse, au gré des allées d’un labyrinthe inquiétant, fourmillant de dragons et autres bêtes fantastiques. À l’image du guerrier de « Badlulu », fort comme un bœuf, les personnages esquivent habilement les escarmouches, coûteuses en blessures, pour mieux prendre à revers leurs adversaires, aussitôt acculés. Tandis que des commandos fantômes brisent les tours de défense ennemies, le gros des troupes se tient en embuscade et profite de l’éparpillement de fantassins laissés sans couverture, pour les décimer les uns après les autres.

Jusqu’au bout, le suspens

Comme foudroyés, les Lyonnais tombent dans tous les traquenards... Leur visage se crispe à mesure que le piège se referme sur eux. Chaque conquête territoriale de GameWard, qui se solde dans un tonnerre de flèches et de boules de feu multicolores, embrase le public. « C’est une master class ! », s’époumone le commentateur, conquis par cette tactique très cavalière des Alto-Séquanais. Après 45 minutes d’efforts, le bastion rival - sorte de graal - tombe sous le coup d’une attaque éclair, synonyme de victoire boulonnaise !

« Nous n’imaginions pas qu’ils s’effondreraient aussi facilement, confie après la rencontre Lucas Piochaud, alias « Badlulu ». C’était un super match, avec beaucoup d’émotions. Sur scène, c’est clairement différent que de jouer à la maison ! Cela fait plaisir d’entendre les fans, leurs cris… Et même si on n’était pas favoris cette saison, on leur a démontré que l’on peut finir au top ».

En dépit de leur succès, décrocher la première place au classement n’était pas assuré : le sort d’autres équipes en lice en dépendait… Décidemment en veine, GameWard a profité de la forme retrouvée de la célébrée Karmine Corp, parvenue à défaire un sérieux challenger, pour culminer au sommet de l’Olympe avec un petit point d’avance ! Il faudra tenir le rythme pour gagner son ticket pour les European Masters, la Ligue des champions de la LFL, réservée au trio de tête.

300 jeunes au cœur de l’événement

Invités par le Département des Hauts-de-Seine, 300 jeunes, dont 70 bénéficiaires de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), ont pu suivre l’événement LFL CIC Day depuis les gradins. L’occasion de découvrir l’environnement de l’esport, et plus largement du numérique, qui recèle de nombreuses vertus : développement de la concentration, de la réactivité, de la stratégie et du lien social. « Inviter les jeunes les plus éloignés de la culture est une volonté de la politique jeunesse ambitieuse que porte le Département, explique Vincent Franchi, vice-président délégué à la Jeunesse. Cette manifestation leur a aussi permis de découvrir les métiers en lien avec le jeu vidéo, alors que le Département soutient l’esport responsable, promouvant une hygiène de vie saine, porté par des joueurs professionnels ».