À Fontenay-aux-Roses, des jeunes à l’école du vélo

Jeunes dans le cycle, partenaire du Département, accompagne cet été de jeunes adultes dans l’apprentissage du vélo.CD92/WILLY LABRE
Dans le cadre du plan « vacances été jeunes 2020 », l’atelier Jeunes dans le cycle propose de nombreuses activités autour du vélo. À commencer par une vélo-école pour les débutants.

 « Pose le second pied sur la pédale, c’est le plus dur, voilà, maintenant garde bien l’équilibre et n’oublie pas les mains sur le frein ». À l’âge où d’autres commencent à prendre le volant, Mahaliana s’essaie au vélo.  « J’ai déjà tenté mais ça se terminait mal à chaque fois ! J’avais abandonné car il n’existait pas de prof ou d'accompagnement, explique l’étudiante venue exprès de Nanterre pour se former. « Il est plus difficile de commencer le vélo à l’âge adulte. On a tendance à trop réfléchir, le risque est de se crisper et de tomber, certains n’osent alors plus se lancer par peur de la chute », explique Nicolas Tondeur qui surveille de près ses trois élèves. Enchaînant avec aisance les tours de square, Slimane a longtemps été paralysé à l’idée de monter à bicyclette. « Quand on me proposait, je refusais sans donner de raison. Dire qu’on ne sait pas faire du vélo, c’est un peu la honte ». Dès qu’il a appris l’existence de cette activité, l’étudiant en philosophie a foncé : « J’aimerais bien prendre un vélo pour éviter les transports en commun quand je sors à Paris par exemple ».

En quête d'autonomie

Cette activité est aussi une première pour Jeunes dans le cycle. Spécialisée dans l’accompagnement éducatif par le vélo, partenaire de la Veille active jeunes 11-25, le réseau de solidarité lancé par le Département pendant le confinement, cet été la structure ouvre grand les portes de son atelier de réparation et organise des balades qui attirent en particulier les étudiants. « Il y en a qui sont bloqués ici sans pouvoir aller voir leur famille. Avec ces activités, on essaie de leur offrir un bon moment. Parmi eux, certains sont en situation de précarité, c'est donc aussi un moyen de lutter contre l'exclusion », explique Yann Peire, directeur de Jeunes dans la cité, l’association de prévention spécialisée dont dépend Jeunes dans le cycle.  Lors des inscriptions à ces balades un certain nombre de jeunes ont déclaré débuter à vélo. « Ce n’est pas évident à exprimer, c’est un peu comme ne pas savoir nager. Or ils nous l'ont fait savoir ouvertement. On était prêts à les accompagner car notre chef d’atelier venait de se former au vélo-école », poursuit Yann Peire qui en fait une question de « droit à la mobilité » : « En tant que jeunes adultes, ils doivent pouvoir se déplacer de manière autonome. Avec le vélo, on peut aller où on veut, quand on veut, bouger, sortir, voir du monde ».

S’auto-former

En deux heures, les trois élèves ont accéléré, appris à prendre les virages, découvert le système des vitesses, à la recherche du meilleur rapport entre l'effort de poussée et l'allure.  « Vous avez bien progressé, vous êtes tous à peu près au même niveau, lance Nicolas lors d'un point d'étape. Mais ici vous circuliez comme vous vouliez, sur du plat, sans obstacles. » La séance se poursuivra donc hors du quartier sur la Coulée verte, « zone de rencontre » vallonnée, avec ses piétons et ses trottinettes. Pour les plonger dans la circulation, une sortie de groupe est déjà prévue depuis Fontenay jusqu'au parc de Sceaux. Après quoi l’apprentissage sera loin d’être terminé : « Pour un débutant il faut en moyenne une trentaine d’heures. Pour qu’ils pratiquent régulièrement, on les incite à revenir faire des balades en plus des cours », explique Nicolas, également responsable de l’atelier-recyclerie où chacun peut bricoler lui-même un vélo unique en son genre ou en acquérir d’occasion à prix modique. À peine a-t-il découvert ce lieu hors du commun que Slimane a déjà prévu de venir s'y « autoformer ». 

Démarrage de l’activité sans pédales, en draisienne pour de premières sensations de glisse. CD92/WILLY LABRERègle d’or pour un débutant, toujours garder au moins deux doigts sur les freins. CD92/WILLY LABRE

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Le vélo comme outil d’insertion

 « Pour nous le vélo cumule tous les avantages. C’est un moyen de transport économique, écologique mais surtout un vecteur de sociabilisation », explique Yann Peire, directeur de Jeunes dans la cité. Basée à Fontenay-aux-Roses, cette association de prévention spécialisée soutenue par le Département a créé il y a trois ans l’atelier Jeunes dans le cycle. Un local au coeur de la vie de quartier, un tiers-lieu, où chacun peut faire réparer son vélo ou le réparer lui-même avec l’aide de jeunes engagés dans un parcours d'insertion. En échange d’un coup de main, les 11-25 ans peuvent aussi bénéficier d’un pécule pour leurs projets. Parmi les activités de Jeunes dans la cité figurent aussi une autoécole éducative et un chantier d’espaces verts.