Les Extatiques : une cinquième édition dans le flux du vivant

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Culture

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L’escalier coloré d’Elsa Tomkowiak reproduisant au sol le spectre lumineux, est l’une des douze œuvres à découvrir dans le cadre de cette cinquième édition, dont le coup d’envoi a été donné ce 22 juin à La Seine Musicale. CD92/WILLY LABRE
Cette nouvelle édition de la promenade artistique en plein air invite à découvrir le nez au vent douze œuvres qui remettent le « vivant » au centre des imaginaires, à Paris La Défense et à La Seine Musicale jusqu’au 2 octobre.

« Les chauve-souris sont en pleine activité, chacune attrapant des centaines d’insectes la nuit », informe l’écran géant de La Seine Musicale en lieu et place de ses habituelles annonces. Ces « actualités de la nature », détournement du britannique Marcus Coates, investissent aussi les écrans de Paris La Défense, déclinant le fil rouge de cette nouvelle édition, le vivant, sur deux sites phares du territoire. « Le fleuve qui relie ces deux endroits plutôt éloignés sert de corridor écologique et a inspiré cette thématique du vivant, explique David Moinard, nouveau directeur artistique de cette manifestation née en 2018 sur l’esplanade, étendue en 2020 à La Seine Musicale par le Département et Paris La Défense. Dans un contexte de changement climatique et d’effondrement de la biodiversité, s’il y a un combat à mener, c’est bien celui du vivant, d’autant plus dans les villes qui regroupent la majorité des habitants. »  Le parti pris n’est cependant pas celui de la déploration. L’exposition se veut au contraire une « ode à la nature », l’intitulé exact de cette nouvelle édition « Seine du Vivant, Défense du Vivant », fertile en jeux de mots, en soulignant bien les intentions ludiques.  

Traverser le ciel

Le choix des œuvres,  éclectique, en grande partie pensées pour l’événement, mêle sculptures, peintures, dispositifs impalpables ou demandant, au contraire, à être expérimentés, qui contrastent avec les paysages minéraux et la ville, en particulier à La Seine Musicale environnée de chantiers. Sur ce site emblématique de la Vallée de la culture, associé à la musique davantage qu’à l’art contemporain, Le Pouce de César, à demeure, côtoie cinq oeuvres éphémères. Les animaux commensaux de Victoria Klotz, plaidoyer pour un partage du monde entre espèces, la sculpture de métal Louise, hommage de Marie Denis à Louise Bourgeois, chimère à l’inquiétante étrangeté mi-plante, mi-araignée, ou encore l’œuvre d’Elsa Tomkowiak qui fixe sur le sol d’une passerelle puis dans l’escalier de La Seine Musicale le spectre lumineux du ciel. Le dispositif est une « invitation à expérimenter physiquement la lumière et à la regarder se prolonger au-delà du visible, grâce aux effets de réverbération », explique l’artiste dont on retrouve la palette saturée sur l’esplanade, accompagnant la découverte des œuvres échelonnées entre les bassins Takis et Agam.

« Il était important à mes yeux d’instaurer un dialogue entre les sites et entre les œuvres, de créer une sorte de biotope. Le vivant est une question de flux, tout est interdépendant », poursuit David Moinard. C’est ainsi que Jan Kopp distribue une « partition pour bulle » dans le bassin Takis, réunion impalpable d’air et d’eau, que Gloria Friedmann dresse sa sculpture Les Ancêtres du Futur, figure humaine soutenue par le règne animal, face à l’emblématique Défense de Barrias qui donne son nom au quartier, ou que Mireille Fulpius joue avec la perspective elle-même, mettant sur sa route un chemin de traverse. Quant au jardin éphémère du collectif Coloco, il semble prémonitoire là où doit voir le jour le plus grand parc urbain sur dalle de France, le Parc.

Culture pour tous

À peine installées, les nouvelles venues font leur effet : on se presse pour les toucher, les contempler ou en faire l'expérience. On les photographie et on les commente ; comme espéré, elles interrogent. En l’espace de quatre ans, Les Extatiques sont devenu un vrai rendez-vous. « Cette exposition en extérieur et gratuite met en avant auprès de tous l’art contemporain. Nous voulons que l’ensemble de la population puisse accéder à la culture et à une culture de qualité, rappelle Georges Siffredi, président de Paris La Défense et du Département. Depuis 2018, nous avons engagé un processus pour faire du quartier d’affaires un lieu de vie. Le dernier sondage auprès des salariés et des habitants a montré que 85 % d’entre eux considéraient que le quartier était vivant et culturel. »