À l’Île Saint-Germain, culture et nature au menu des ados

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Ateliers

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Ateliers
Pour la première fois cette année, la programmation incluait un atelier de science participative sur les papillons. CD92/PAULINE VINATIER
En août, avec « Un Brin de Culture », les 11-18 ans bénéficient d’ateliers variés mettant en valeur les richesses patrimoniales et naturelles du territoire, animés par des spécialistes. Exemple dans les allées du parc départemental, à Issy-les-Moulineaux, sur la piste des papillons.

Ils sèment sur leur passage des touches de couleur fugitives, tels des fleurs vivantes et volantes. Ça, c’est pour la poésie, qui rend la ville moins triste. « Les papillons égaient nos vies, est la première à dire Manon, de l’association Noé, qui explique avec ce qu’il faut de pédagogie le rôle de ces voltigeurs : « Ils viennent avec leur trompe au cœur des fleurs pour en suçoter le pollen et le nectar et participent à la pollinisation » « Ah bon, s’étonne Eko, treize ans, je ne pensais pas qu’ils étaient utiles. » Cet atelier doit permettre aux jeunes d’appréhender la notion de biodiversité ; les papillons, explique l’intervenante, ont été choisis « parce que c’est ludique, qu’il y a beaucoup d’espèces et qu’ils peuvent les observer assez facilement ». Pour partir à leur recherche à travers le parc, pas de filet, mais un guide des espèces remis par l’association de protection de la biodiversité.

La programmation éclectique et hybride de Brin de Culture, croise cette année cultures urbaines et arts classiques, découverte du patrimoine et sensibilisation au développement durable – comme avec cet atelier de science participative proposé par le musée Albert-Kahn dont les jardins abritent aussi leur lot de papillons. « L’idée est de faire connaître aux jeunes qui ne partent pas en août ce qu’il y a sur leur territoire et d’ouvrir le champ des possibles, explique Sophie Maruyama, au sein de « l’équipe mobile » du Pôle Solidarités qui copilote le projet avec la direction de la Culture.  « Nous ciblons les structures du champ social ou jeunesse mais aussi les familles. Les groupes se mélangent, hier par exemple, on a eu des jeunes en situation de handicap et des particuliers. » Ces ateliers sont ainsi autant d’occasions d’échanges et de rencontres, entre participants et avec les intervenants. « Cela peut « matcher » entre les jeunes et certains artistes et déclencher quelque chose », estime Aude Staelen à la Culture. « Nos enquêtes montrent que peu d’entre eux pratiquent des activités artistiques et qu’ils connaissent mal les lieux culturels. » Le parc départemental de l’Île Saint-Germain, dominé par la Tour aux Figures, est en soi une découverte pour beaucoup d’entre eux.

Chasse aux papillons

Une préoccupation taraude nos explorateurs : les papillons se montreront-ils ? Entre deux averses, un sujet jaune pâle est repéré, voletant dans les lavandes. Eko et Christina triomphent. Ses points noirs, un sur chaque aile, l’identifient comme une "piéride des raves" « l’une espèces les plus communes en France », malaisée à observer et à prendre en photo. « Il faut se mettre en mode rafale » s’amuse Christina. Plus loin apparaîtront un "souci" jaune citron et un "azuré". Entre plantes aromatiques, prairies fleuries et pelouses, les milieux naturels offert par ce parc sont variés. « Avec ses prairies et ses friches, ses haies qui peuvent servir d’abris naturels, l’Île Saint-Germain est un exemple de parc qui intègre la biodiversité et répond aux besoins des papillons », poursuit Manon devant un auditoire relativement attentif. « Cette activité a fonctionné car c’est concret, ils peuvent voir les papillons, estime Zinedine Rahal, éducateur au service d’accueil d’urgence et d'orientation de l’association Esperem à Boulogne. Au départ ils sont un peu réticents mais une fois sur place, ils sont satisfaits et fiers. »

Des papillons, qu’ils ont appris à mieux connaître, aux autres insectes, il n’y a qu’un pas à franchir. Pas le plus facile : « Pour les punaises ou les araignées, il est plus compliqué de faire passer les messages, constate Manon pour qui « une araignée n’est pas juste un truc à huit pattes "moche" mais un organisme avec son comportement, qu’on peut apprendre à aimer ». Si ces propos provoquent quelques grimaces, Mariam, elle, leur déclare sans hésitation sa flamme : « Quand j’étais en maternelle, je suis allée en voir dans un vivarium et depuis je les aime beaucoup, la plupart sont petites et toutes gentilles. »

Après les papillons, le rap des vacances

Le thème de saison, les vacances, leur a été suggéré par Cliff et Marlon, en charge de cet atelier "chansons" pour l’association Les Portes de L’Exil. « Cherchez des choses simples, essayez de fonctionner par association d’idées », explique ce dernier aux jeunes penchés sur leur feuille. Pour Marie, ce seront ses vacances en Martinique qui riment avec danse, jet ski, sable, crème à bronzer… Pour Christina, la Normandie, les tacos et les glaces. Eko, elle, veut parler de foot : « Adroit comme Messi, j’mets des penalty/Dans ma bugatti, style Marco Verrati. Partir loin d’ici, vers Santorini, Aller d’île en île, comme les Balkany » scande-t-elle, encouragée par Marlon. Vient enfin comble de la coolitude, l’enregistrement sur l’instru choisie ensemble. Un énorme sourire barre le visage d’Eko.  « Cet atelier leur permet de s’exprimer autrement, estime leur éducatrice au foyer Esperem. On voit la vie venir dans leur regard ».

 

Des activités variées jusqu’au 18 août pour les 11-18 ans

Visites guidées de la Tour aux Figures, de Jean Dubuffet, initiation aux arts du cirque, avec l’association Les Noctambules, atelier « Archives et moi, archivez-moi », avec les archives départementales, fresque du climat, « freestyle vidéo » avec l’association Les Portes de l’Exil, danse avec le chorégraphe Rodolphe Fouillot, écriture et gravure avec la maison de Chateaubriand, dessins animaliers avec le musée du domaine départemental de Sceaux… Jusqu’au 18 août, les musées et services départementaux ainsi que des partenaires associatifs multiplient les propositions auprès des jeunes. Du 24 au 28 juillet, une première cette année, les 18-25 ans avaient bénéficié de visites de lieux culturels départementaux.

S'inscrire en quelques clics

L’inscription gratuite est ouverte aux groupes - clubs de prévention, structures de la protection de l’enfance, structures jeunesse – comme aux particuliers. Elle se fait en ligne sur la plateforme dédiée et inclut la participation à deux ateliers (voir programme) de 13 h 30 à 17 h, entrecoupés d’un goûter.